Résumé

L’économie s’adapte bien à un environnement économique mondial incertain. L’inflation globale reflue peu à peu, mais l’inflation sous-jacente est persistante. Le Mexique a commencé à bénéficier de délocalisations de proximité (Graphique 1), mais pour exploiter pleinement son potentiel, il faudra s’attaquer à des problèmes qui se posent de longue date, tels que la faiblesse de la productivité et l’ampleur des inégalités.

La croissance a bien résisté grâce à une demande intérieure résiliente. Le consommation est étayée par le dynamisme du marché du travail. L’investissement est orienté à la hausse, en raison des projets d’infrastructures publiques dans le sud du pays et de l’investissement privé en machines. Les exportations sont restées vigoureuses.

Les autorités monétaires ont réagi avec détermination à la forte inflation. L’inflation globale s’est atténuée et l’inflation sous-jacente, quoique plus persistante, a également reflué peu à peu, même si elle demeure élevée dans le secteur des services. La forte appréciation du peso a contribué à endiguer l’inflation.

La croissance du PIB devrait refluer à 2.5 % en 2024 (Tableau 1). La demande intérieure soutiendra la croissance, tandis que les exportations pâtiront du ralentissement économique des États-Unis. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente continueront de diminuer. Un ralentissement plus marqué que prévu aux États-Unis et une inflation plus persistante qu’on ne s’y attend, imposant le maintien de taux d’intérêt élevés pendant une période prolongée, constituent des risques à la baisse essentiels. À l’inverse, la reconfiguration en cours des chaînes de valeur mondiales pourrait stimuler l’investissement dans des proportions plus importantes que prévu.

Les autorités budgétaires ont un solide bilan en termes de réalisation des objectifs budgétaires et de maintien de la dette publique à un bas niveau. Néanmoins, il est nécessaire d’accroître les rentrées d’impôts pour maintenir le cap de la prudence budgétaire et pour satisfaire des besoins de dépenses importants dans des domaines propices aux gains de productivité, tels que l’enseignement, les infrastructures, les transitions numérique et écologique, ainsi que la lutte contre la corruption et la criminalité. En outre, améliorer le cadre budgétaire faciliterait l’octroi d’aides en période de fléchissement de l’activité.

Le coefficient de pression fiscale (ratio impôts/PIB) du Mexique est le plus bas de la zone OCDE (Graphique 2). Il est possible d’accroître les rentrées d’impôts sur le patrimoine et de taxes environnementales et de rendre le système d’imposition plus efficace et progressif en réduisant les dépenses fiscales qui bénéficient aux plus aisés. Renforcer l’efficience des dépenses publiques pourrait également libérer des ressources supplémentaires. Cela exigera une utilisation plus systématique de l’analyse coûts-avantages dans les projets d’infrastructure, ainsi que des évaluations systématiques des programmes sociaux et une application plus généralisée des conditions de ressources dans le cadre de ces programmes.

Le cadre budgétaire ne permet guère de mener une politique budgétaire contracyclique. Les règles budgétaires en vigueur favorisent une politique budgétaire procyclique, dans la mesure où elles encouragent les autorités à réaliser leurs objectifs budgétaires en effectuant des coupes importantes et discrétionnaires dans les dépenses. La couverture de la règle de dépenses est trop étroite pour permettre de lisser les dépenses sur la durée du cycle économique. L’absence de cadre budgétaire à moyen terme signifie que le processus de préparation et d’examen du budget est axé presque exclusivement sur les objectifs et les crédits budgétaires de l’année suivante.

Le Mexique peut constituer une destination très attrayante pour les investissements des entreprises désireuses de relocaliser leurs activités en Amérique du Nord. Cela offre également une véritable possibilité de faire bénéficier tout le pays des avantages du commerce international, de renforcer l’intégration des petites et moyennes entreprises (PME) dans les échanges, ainsi que de multiplier et d’améliorer les liens noués au sein des chaînes de valeur internationales. Pour tirer pleinement parti de ces possibilités, il faudra s’attaquer à des problèmes qui se posent de longue date, tels que la faiblesse de la productivité (Graphique 3), passer aux énergies renouvelables et améliorer la gestion de l’eau.

Un renforcement de la connectivité numérique peut faciliter l’intégration commerciale des régions et des PME. Malgré les récents investissements réalisés dans l’infrastructure numérique, de nombreuses régions du pays sont toujours privées d’accès à internet à haut débit ainsi que d’autres services numériques, et le taux de pénétration du haut débit est relativement bas. De nombreux organismes publics et de réglementation contribuent à la surveillance de différentes dimensions de ce secteur. Le marché des télécommunications est très concentré.

Le niveau de corruption perçue est élevé. Le Mexique déploie des efforts de lutte contre la corruption, notamment en lançant un système national anticorruption (SNA), mais renforcer les organismes de lutte contre la corruption, notamment au niveau des États fédérés, reste une priorité. Augmenter la part des marchés publics passés par voie numérique et limiter l’attribution directe de contrats pourraient contribuer à réduire les risques de corruption.

Pour tirer le meilleur parti des délocalisations de proximité, il faut passer aux énergies renouvelables. Dans la mesure où les entreprises manufacturières s’efforcent de plus en plus de décarboner leurs processus de production à l’échelle mondiale, les abondantes ressources énergétiques renouvelables dont dispose le Mexique pourraient constituer un avantage comparatif considérable. Néanmoins, la part de l’électricité produite à partir de sources renouvelables reste modeste. La production privée d’énergie renouvelable a pâti d’une forte insécurité juridique. Le Mexique est très exposé à des phénomènes météorologiques extrêmes liés au climat. Accroître la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique réduirait sensiblement les émissions.

Une gestion efficiente de l’eau améliorerait la fiabilité de l’approvisionnement en eau et préserverait les ressources limitées du pays. En réduisant les coûts et les risques d’exploitation et en promouvant la durabilité environnementale, elle renforcerait encore l’attrait du Mexique en tant que destination de délocalisation de proximité. Le système de gouvernance de l’eau est très fragmenté, ce qui sape la coordination de l’action publique et l’obligation de rendre des comptes.

Malgré de nets progrès, les inégalités restent marquées au Mexique. Une amélioration des résultats du système d’enseignement et une réduction des disparités entre les genres contribueraient à une poursuite de la récente diminution des inégalités de revenu, tout en rehaussant le potentiel de croissance du pays.

Il faudrait redoubler d’efforts pour renforcer le capital humain du pays. L’accès à l’éducation est quasiment universel, mais trop d’élèves quittent encore le système d’enseignement sans avoir achevé leurs études secondaires. Il est également nécessaire d’améliorer la qualité de l’enseignement, qui pâtit de fortes disparités entre régions. Des programmes de formation en alternance sont progressivement déployés et donnent des résultats positifs.

Bien qu’il ait récemment augmenté, le taux d’activité des femmes est bas (Graphique 4). Les tâches domestiques et familiales sont assumées de manière disproportionnée par les femmes, ce qui réduit leurs chances de mener à bien des études ou d’intégrer le marché du travail. Il faudrait accorder une importance prioritaire aux projets de mise en place d’un réseau fédéral d’éducation et d’accueil des jeunes enfants. Étoffer les services de prise en charge professionnelle des personnes âgées favoriserait également l’insertion des femmes sur le marché du travail pour un coût budgétaire limité.

Les récentes réformes du marché du travail ont renforcé l’inclusivité, mais l’activité informelle reste d’une ampleur considérable. Les réformes destinées à améliorer la résolution des conflits, la représentation des travailleurs et les négociations collectives portent leurs fruits. Des mesures doivent être prises dans différents domaines de l’action publique pour faire reculer encore l’activité informelle, qui touche plus de la moitié de la main-d’œuvre.

L’offre de logements s’est accrue, mais leur qualité laisse à désirer. Environ un bien immobilier d’habitation sur quatre est un logement bâti avec des matériaux de construction médiocres, surpeuplé ou dépourvu d’équipements de base. Les ménages ayant des revenus faibles ou moyens ont du mal à accéder à la propriété (Graphique 5). La politique du logement est devenue davantage ciblée sur les ménages à faibles revenus.

Le marché locatif est étroit et les ménages à faibles revenus ont un accès limité au crédit. Une forte préférence pour l’accession à la propriété et une politique du logement favorisant son acquisition contribuent à l’étroitesse du marché locatif. On pourrait améliorer l’accès au crédit des ménages à faibles revenus, parmi lesquels le travail informel est généralisé, en évaluant leur solvabilité à partir d’autres informations que celles utilisées de coutume (comme le paiement régulier de factures de services d’utilité publique ou de téléphone).

Il est essentiel de veiller à ce que les politiques du logement et d’aménagement urbain soient coordonnées. En raison de la fragmentation administrative, les politiques locales ne sont pas en phase avec les objectifs nationaux, et le manque de coordination entre les différents niveaux d’administration et au sein de chacun d’eux se traduit par un aménagement urbain désordonné et une ségrégation spatiale. Les communes disposent rarement des capacités techniques nécessaires pour faire face aux problèmes soulevés par l’aménagement urbain.

Le coût considérable des migrations alternantes entrave l’accès à l’emploi et dégrade les conditions de vie. Les transports en commun demeurent un mode de déplacement marginal au Mexique, abstraction faite de la ville de Mexico. Le système de transports en commun repose sur un modèle peu régulé, dans le cadre duquel de nombreux petits concessionnaires privés gèrent des minibus anciens de faible capacité.

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